21/12/2023
URBANOVA à la remise du Grand Prix de l’Urbanisme à Simon Teyssou
David Rottmann nous partage ici quelques réflexions à chaud en forme de résumé partiel et partial des deux tables-rondes passionnantes animées par Ariella Masboungi avec les invités du lauréat :
La récompense d’une pratique exceptionnelle : La démarche de Simon Teyssou, illustrée par ses réalisations, est remarquable pour sa finesse, son utilisation frugale des ressources matérielles et financières et son intégration dans le paysage local.
Un débat qui échappe au piège de la ruralité fantasmée : Après le COVID, une vision idéalisée de la ruralité a émergé, suggérant un exode urbain massif qui ne s’est finalement pas concrétisé. Le lauréat, ainsi que Frederic Bonnet de l’agence OBRAS architectes, ont su se sortir de ce piège en évoquant toutes les potentialités et les qualités des espaces ruraux, ainsi que tous leurs défis : manque d’ingénierie locale, vision politique parfois datée et impact du paysage politique. Ce dernier, conceptualisé par John B. Jackson, est un paysage décidé d’en haut dans les capitales et qui structure et parfois meurtrit le paysage vernaculaire. Philippe Estèbe de Acadie coopérative enfonce le clou en disant que les espaces ruraux en France sont finalement aujourd’hui les derniers territoires dans lesquels se déploient encore des projets littéralement d’un autre siècle, qu’il s’agisse de l’AutorouteA69 ou de mégabassines.
La qualité d’une ville, grande ou petite, dépend de son centre : pour Simon Teyssou, l’intervention dans les centralités parfois dégradées et délaissées est impérative, et cela passe aussi par y réintégrer des activités économiques et commerciales portées par des acteurs locaux. L’architecte nous invite à lâcher prise pour intervenir y compris sur du patrimoine architectural pour retrouver de la qualité, des vues et de la lumière. Cette attention à la centralité et au maintien d’une activité commerciale et économique en son sein est partagée par URBANOVA, quels que soient les territoires visés.
Où se fera la transition ? Le rôle des territoires ruraux : Le philosophe Sébastien Marot est allé jusqu’à défendre une désurbanisation qui viendrait avec l’épuisement de l’abondance de l’énergie, des matériaux et du vivant. « A cause contraire, effet contraire », une société ayant intégré la finitude des ressources produirait forcément un exode urbain. Si le rôle des territoires ruraux ne peut être sous-estimés dans la transition, nous pensons que les villes ont un rôle essentiel à jouer également. C’est dans ces dernières que s’accumulent les ressources économiques, les ressources matérielles (la mine urbaine) et les ressources d’innovation, y compris sociales, et on ne pourra pas opérer un changement aussi radical que la transition écologique sans ces ressources.